Montées de légende

Les trésors retrouvés de l’Église saint-nicolas

Son patronyme, Saint Nicolas, est celui du saint patron protecteur des mariniers, corporation très présente à Givors depuis le moyen-âge : la première, modeste chapelle, fut édifiée aux environs de 1460 afin que « les gens de rivière » puissent se rassembler. Le fleuve se retrouve aussi dans son architecture : la façade principale est en pierres de taille, probablement en provenance des carrières
de Seyssel (73), d’où elles étaient amenées par bateau. Enfin, l’histoire de l’église, comme celle de tout le centre-ville est marquée par les inondations du Rhône. Elle n’a pas échappé à la règle et la mémoire des crues qui figure sur sa façade donne une indication du nombre de fois où le fleuve s’est invité entre ses murs.
L’industrie. C’est un maître verrier, alors maire de Givors, qui décide d’entreprendre la construction d’une nouvelle église St Nicolas, afin de répondre à l’accroissement de la population lié au développement industriel. Nicolas Joseph Henry Bolot, donne pour cela en 1820. Notons que, déjà, un appel au don auprès de la population comme une demande d’aide de la part du gouvernement sont aussitôt lancés. En novembre, le chantier débute. La pose de la toiture en juin 1822 puis la célébration
de la première messe le 25 décembre de cette même année, marquèrent son quasi achèvement.
Le matériau de construction renvoie également à l’industrie : l’autre composante du gros œuvre est en effet le pisé de mâchefer. Celui-ci est caractéristique des constructions de la période industrielle ; résidu solide de la combustion de la houille dans les fours, il est broyé et mélangé à de la chaux. Le développement des usines, notamment métallurgiques, a permis de produire des quantités importantes de ce matériau peu coûteux. Enfin, les vitraux sont tous le résultat de dons de familles givordines, qui toutes ont à voir avec l’économie locale : Pitrat, famille de mariniers ; Berger, famille de tuiliers ; des verriers : Henry Bolot, famille Allimant, Souchon-Neuvesel…
Ainsi, l’église St Nicolas est un marqueur de l’histoire locale. Avec l’architecture du centreville elle est un des éléments mobilisables pour conter l’histoire de Givors, ville née des première et seconde révolution industrielle et cité fluviale. La restauration de son patrimoine prend dès lors tout son sens : elle permettra d’inclure l’église dans un parcours patrimonial du centre historique, parcours qui sera proposé par exemple aux utilisateurs de la ViaRhona. C’est l’attractivité de la ville qui se trouvera ainsi renforcée.

L’ouvrage Les trésors de la Cathédrale des mariniers et des verriers : l’église Saint-Nicolas de Givors, de Dominique Estragnat, universitaire, docteur en philosophie et en science politique, est sorti à la fin de l’année 2020.