Joyau de l’art roman du XIIe siècle, classée monument historique en 1994, l’église abriterait les reliques de Saint-Béat et de Saint-Privat reçues de l’empereur Charlemagne. Elle recèle un trésor composé de 80 objets dont des reliquaires, ostensoirs et statuaire religieuse en bois polychrome.
Cette église au plan basical rectangulaire est un témoin majeur de l’art roman commingeois du XIIe siècle. Construite en marbre de Saint-Béat, le sol fut réhaussé en 1613 pour cause d’inondations. Elle abrite le musée d’art sacré de la ville avec son trésor qui après 10 ans de restauration a repris sa place en 2023.
Ce trésor est enrichi de nombreuses pièces d’art sacré uniques, dont une vierge en majesté du XIIe siècle, une trinité en bois polychrome du XVIe siècle, une croix processionnelle avec un nœud en or repoussé. Plus précisément, il est composé de 80 objets classés au titres des monuments historiques dont des reliquaires, ostensoirs, et statuaire religieuse en bois polychrome.
Parmi les œuvres remarquables, Notre-Dame de l’Espérance, statue en bois polychrome du XVIe siècle, un tabernacle en bois peint du XVème siècle et un tableau du peintre Jacques Stella (peintre du Roi Louis XIII) représentant Jésus retrouvé au temple par ses parents, propriété de la commune voisine de Fos.
La visite du trésor est possible en période estivale les vendredis, samedis et dimanches de 16h à 18h30.
Légendes de Saint-Privat et Saint-Béat :
Saint-Privat était un chrétien au IIIe siècle après JC, habitant dans une grotte sur le bord du mont Mimat dans le Gévaudan. Il participait aux réunions chrétiennes de Mende et était connu pour sa générosité envers les pauvres. Un jour, les alamans (un ensemble de différentes populations germaniques qui tentaient d’élargir leur territoire par des raids et des saccages) arrivèrent au Gévaudan. Ils croisèrent Saint-Privat et lui demandèrent de livrer la population. Saint-Privat refusa et fut enfermé dans un tonneau de clous pointés et jeté du haut de la montagne. Selon une autre version, il fut brûlé. Son lieu de martyre est devenu un lieu de pèlerinage.
St-Béat serait le moine asturien Béatus de Liebana en Espagne, ayant combattu l’hérésie adoptianiste au VIIe siècle et connu pour son « Commentaire de l’Apocalypse », selon le guide de présentation du trésor de l’église de St-Béat écrit par Isabelle Sourroubille, Conservatrice déléguée des Antiquités et Objets d’Arts.
Selon le site du monastère franciscain santo Toribio de Liébana, Béatus [était] un moine du milieu du VIIIe siècle qui, en 776, écrivit un livre intitulé « Commentaire sur l’Apocalypse » pour expliquer le texte hermétique de St-Jean. Pour ce faire, Béatus s’appuya sur les œuvres des Saints Pères, ce qui témoigne de l’importante bibliothèque que ce monastère devait posséder.
Il est entré dans l’histoire de l’art parce que les différentes copies de ce codex réalisées dans d’autres monastères ont commencé à inclure des miniatures dont les thèmes et les techniques ont été fondamentaux pour l’évolution de la peinture et de la sculpture mozarabe et romane.
D’autre part, Beato composa l’hymne « O Dei Verbum » pour la fête de Saint-Jacques dans la liturgie mozarabe, dont l’éloge de l’Apôtre marqua le début du culte de Saint-Jacques comme saint patron de l’Espagne et conduisit à la découverte du tombeau de Saint-Jacques.
Beatus joua un rôle majeur dans les controverses théologiques du VIIIe siècle. […] L’empereur Charlemagne lui-même fut impliqué dans le processus, convoquant un concile à Ratisbonne, au cours duquel la position de Beatus sur l’hérésie fut ratifiée. Il participa également activement à la vie publique à cette époque de l’histoire, au cours de laquelle le royaume des Asturiens fut formé. »