PLAN IGN
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Vous voilà prêt à attaquer les routes et cols empruntés régulièrement par les coureurs du Tour de France – là où ont eu lieu des combat inoubliables, des défaillances, des attaques de légende….
L'Histoire au fil des rues, c'est un musée à ciel ouvert, un parcours piétons sous forme de visite libre, mais guidée par le jalonnement de panonceaux numérotés, destinés aux habitants et visiteurs des communes du Grand Chambord. L'utilisation d'images d'archives offre un aperçu de l'évolution de nos villes, notre patrimoine de proximité et de nos coutumes au cours du XXeme siècle. Dans une volonté de faire participer les habitants du Grand Chambord, les anecdotes et légendes recueillies enrichissent notre connaissance et constituent l'Histoire de notre territoire.
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PHOTOS AERIENNES / IGN
CARTE DES PENTES (PLAN IGN)
Un grand bruit réveille les Braciliens dans la nuit du 5 décembre 1885 : c'est le clocher, tout juste reconstruit, qui s'écroule sous les assauts du vent ! Et l'inauguration de la nef, qui était prévue pour la nuit de Noël !
Après bataille d'experts, le clocher, bâti sur pilotis (marécage oblige), ne sera terminé qu'en 1892.
L'Histoire raconte qu'il y avait déjà au Moyen Age une petite chapelle vouée à Marie, située dans lîle de la Motte. L'église actuelle, placée sous le vocable de Saint Nicaise en mémoire à l'évêque de Reims, martyr au IVe siècle. En 1880, alors qu'elle est considérée "sans contredit comme l'une des pauvres du département", on trouve enfin les fonds pour la restaurer, l'agrandir et maçonner un nouveau clocher.
Le Tramway à vapeur : "Bracieux... Bracieux, 5 minutes d'arrêt"
Dès 1870, la commune de Bracieux émet le vœu d’être desservie par une ligne de chemin de fer. Le 14 septembre 1888, la ligne Blois - Lamotte-Beuvron, via Bracieux, est ouverte. La gare de Bracieux ne sera pourtant construite qu’en 1896. « C’était un véritable voyage pour se rendre de Bracieux à Blois-Vienne : près de 2 heures via Arian, Mont, Le Chiteau et les Noëls. La vitesse était si faible qu’on pouvait cueillir les feuilles des arbres en se penchant dans les virages. La voie empruntait les bas-côtés de la route, traversait les champs ou passait dans les rues des villages, parfois juste devant un portail ! » se souvient une Bracilienne avec nostalgie. La ligne fut abandonnée en 1934 avec le développement des transports routiers.
La ferme du Pré du Roi (propriété privée) est une des plus jolies fermes du village. De bois et de briques, organisée autour d’une cour ouverte, elle est typique de la construction traditionnelle solognote. C’est au XIXème siècle, que la brique se généralise dans la région : posée à plat sur chant ou en feuilles de fougères, elle remplace le torchis dans les murs à pans de bois. Sur le toit, les tuiles plates, et parfois les ardoises, se substituent aux couvertures de chaume. Les lucarnes sont caractéristiques, c’est souvent le seul moyen d’accès au grenier, devenu réserve à grains mais l’échelle reste indispensable…
Dans le centre bourg, la plupart des maisons datent du XVIIIème ou XIXème siècle : jouez à identifier les parties les plus anciennes !
Que d'eau, que d'eau !
Bracieux tire son nom d’un terme gallo-romain signifiant « petits bourbiers » et ce n’est pas un hasard ! Avec deux rivières et plusieurs biefs, aux parcours bien sinueux, les inondations sont fréquentes lors des saisons pluvieuses.
Ainsi en juin 1845, Jacques Courtois, maire, écrit au Préfet : « Un orage long et dangereux a éclaté … dans la nuit du 11 au 12 de ce mois. Une pluie abondante et qui a duré plusieurs heures, a causé une crue considérable dans les rivières du Beuvron et de la Bonneheure. Les prairies et autres propriétés situées sur les deux rives de ces rivières, ont été entièrement couvertes d’eau, à plus de cent mètres des bords, et sur une longueur de plusieurs myriamètres*, et il ne reste aucun espoir pour la récolte du foin… »
* Un myriamètre = environ 10 kilomètres
L’eau était véritablement omniprésente à Bracieux, il est donc naturel que des moulins y aient été construits dès le Moyen Age. En 1191, une charte mentionne déjà un moulin en exploitation. Il y a eu jusqu’à 3 moulins sur Bracieux. Le premier, le moulin Loyat, fut détruit avant 1624. Le second, Moulineuf, fut mentionné en 1826 comme détruit. Le troisième, le moulin du bourg, fut reconstruit plusieurs fois. Le dernier meunier de Bracieux, André Chandon, cessa son activité en 1966.
Le bâtiment du moulin du bourg a été acquis en 2007 par la commune. Il a ensuite été restauré par la Communauté de communes du Pays de Chambord pour y abriter ses bureaux.
Marchés et foires : une tradition qui remonte au Moyen Age
Jeudi, 10 heures, la cloche sonne l’ouverture des marchés ! Les clients affluent déjà, d’abord les particuliers, ensuite les revendeurs qui viennent d’Orléans ou même de Paris ! Heureusement, ce n’est pas jour de foire, et on arrive encore à circuler.
De nombreuses rues et toutes les places du bourg sont occupées : le Champ Jobert (actuelle place de l’hôtel de ville), la Halle, le Champ de Foire, le Marché au beurre, le Marché aux fruits, …
Outre les agriculteurs de la région qui écoulent le surplus de leur production, ce sont aussi les marchands locaux qui proposent étoffes, rouenneries (= tissus), rubanerie, épicerie, quincaillerie, mercerie, papeterie, pâtisserie, bonbons et pata-ci, pata-l’autre.
On comptera aussi jusqu’à 37 cafés à Bracieux !
Comme le raconte la légende, une halle a été édifiée à Bracieux au XVIème siècle, avec le surplus du bois qui avait servi à la charpente du château de Villesavin. Elle appartient alors au domaine d’Herbault-en-Sologne. Chaque jeudi, les marchands s’installent sous la halle, réglant le droit de place au fermier du château. A la révolution, l’organisation des marchés revient légitimement à la municipalité. Il lui faut donc louer ou acquérir le bâtiment mais les négociations s’enlisent. La vente ne sera conclue qu’en 1827, pour 1 839 francs. Le bâtiment, fortement délabré, menace ruine. Les réparations et les consolidations se succèdent tout au long du XIXème siècle.
Au début des années 60, Lucien Jardel, maire de Bracieux, et l’association des Amis de la Vieille Halle, entreprennent sa transformation en galerie d’art.
Petites filouteries des marchands et forains
Avec la Révolution, la commune « hérite » des seigneurs d’Herbault-en-Sologne, la responsabilité d’organiser les foires et les marchés. Surtout, elle en perçoit les droits de place. Mais les fermiers ne sont pas si niais* et il faut constamment ajuster les tarifs.
Ainsi en 1805, chaque voiture chargée de volailles est taxée à 2 centimes et 1/2, comme pour l’étalage d’une seule cage. Dès lors, coquaillers et fermiers s’entendent pour empiler toutes les cages sur la même charrette et ne payer qu’une seule fois! De dangereuses tours sont formées sur les voitures jusqu’à ce que le tarif municipal soit modifié, et que toutes les cages, au sol ou sur une voiture, soient taxées !
* Selon l’expression solognote : le niais de Sologne, qui ne se trompe qu’à son profit !
Badaud au XIXème siècle, auriez-vous supporté les « émanations produites par les différentes égorgeries » ?
Un arrêté municipal de 1835 rappelle : « Les Bouchers seront tenus de nettoyer leurs tueries … Ils ne peuvent faire écouler le sang dans les rues ; ils ne peuvent le laisser séjourner dans les trous qu’ils pratiqueraient à cet effet dans l’intérieur de leurs maisons…»
En 1904, les six bouchers et charcutiers mettent à mort chaque année environ « 150 bœufs ou vaches, 200 veaux, 250 moutons, 400 cochons ». C’est en 1912 qu’ouvre enfin l’abattoir, comprenant une écurie et une porcherie. Il fonctionne tous les jours de la semaine et même de 5 heures du matin à 10 heures du soir pendant les mois de mai à août. Depuis 1989, les locaux abritent le Centre de Secours des Sapeurs-Pompiers.
Au temps des lavandières
Au milieu du XIXème siècle, les lavandières s’installent au pont du Beuvron, face au Moulin. Mais elles n’ont aucun abri pour se protéger du froid ou des intempéries, et aucune selle à laver ! Enfin, en 1878, la municipalité décide de construire un lavoir rue de Sully, à son emplacement actuel. Après la seconde guerre mondiale, « en plus des deux chaudrons, le lavoir était [encore] équipé de plusieurs selles et de tréteaux servant à l’égouttage… En ce coin de Sologne, les femmes s’affairaient debout ». Le rinçage du linge s’effectue directement dans le bief, à l’aide d’un gai-je (= bâton). Le lavoir sera progressivement déserté, avec l’arrivée de l’eau courante dans les maisons à la fin des années soixante.
Un péage au passage des ponts
Au XVème siècle, les seigneurs pouvaient percevoir plusieurs impôts sur leur fief : les droits de location de places provenant des foires et marchés, les banalités du moulin, mais aussi un péage sur la circulation au passage des ponts : bestiaux, denrées, voitures étaient taxées. En échange, la construction et l’entretien des chemins et des ponts étaient à la charge du seigneur. Le péage pouvait aussi être affermé et en ce cas, c’était aux fermiers d’assurer l’entretien de l’ouvrage. En 1414, les fermiers du péage de Bracieux ont ainsi été obligés par décision du tribunal, de remettre en état les ponts « esquelx par chacun an ilz devoient mettre cinquante planches garnies de pichons et de saulles » (= de pieux et de poutres).
Un mécène pour l'école
En 1629, l’école devient gratuite à Bracieux pour tous les enfants ! Messire Raymond Phelypeaux, seigneur d’Herbault-en-Sologne, a en effet légué une rente annuelle « de quatre cents livres tournois » pour entretenir le prêtre en charge de l’école, rente qui fut versée jusqu’en 1789. A compter de la Révolution, l’instituteur perçoit 60 francs de la commune et un franc métallique par mois de la part de chaque élève (sauf les pauvres). Il est logé sur place. Diverses écoles, privées ou publiques, fonctionnent au cours du XIXème siècle. Il peut y avoir 60 à 80 élèves par classe ! En 1844, il y avait aussi un pensionnat pour filles, logées chez l’institutrice elle-même.
Le bâtiment actuel sera inauguré le 15 juillet 1906, avec même un gymnase équipé sous le préau.
La musique adoucit les mœurs, pas toujours !
L’Union Musicale de Bracieux voit le jour en 1884. Elle compte 26 musiciens : bugle, baryton, piston, basse, alto, trombone, grosse caisse, tambour, triangle, flûte, … qui participent activement à de nombreux concours régionaux.
Mais une autre société, La Lyre municipale, est créée en 1899. De sensibilités politiques différentes, les deux fanfares s’affrontent en permanence, si bien que le maire autorise alternativement les défilés et les sorties : chacune son tour ! Les mésententes dureront 20 ans, jusqu’à ce qu’une nouvelle société remplace les deux précédentes : L’Amicale de Bracieux.
Cette association se produira en concert sous la Halle et sous le kiosque à partir de 1932. Elle animera joyeusement de nombreuses manifestations braciliennes : Fête nationale, Assemblée de septembre, Cavalcade, Sainte-Barbe ou Sainte-Cécile, jusqu’en 1985.